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Guerre Israël-Hamas : ce qu’il faut retenir de la journée du 8 janvier

Dans la bande de Gaza, la guerre est entrée dans son quatrième mois. Depuis le début, les opérations militaires israéliennes ont fait 23 084 morts à Gaza, majoritairement des femmes et des mineurs, selon un dernier bilan, lundi 8 janvier, du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Ce bilan n’a pu être vérifié de manière indépendante.
Israël a juré de « détruire » le mouvement islamiste − considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne − après son attaque sur le sol israélien, le 7 octobre, qui a fait quelque 1 140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) à partir du bilan israélien. Environ 250 personnes ont été prises en otage ; une centaine d’entre elles ont été libérées lors d’une trêve à la fin de novembre. Au total, 132 sont toujours retenues en otage par différents groupes armés palestiniens. Lundi, le Jihad islamique a diffusé une vidéo d’un otage israélien en vie.
Les bombardements ont rasé des quartiers entiers de la bande de Gaza, déplacé 85 % de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l’ONU. Ces dernières heures, l’armée israélienne a frappé Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et nouvel épicentre des combats, tuant « dix terroristes se préparant à tirer des roquettes sur Israël ».
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu en Israël pour tenter d’obtenir une désescalade de la guerre à Gaza et empêcher une montée des tensions dans la région, en particulier à la frontière israélo-libanaise. Samedi, à Beyrouth, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, avait déclaré que le Liban ne devrait pas être « entraîné dans un conflit régional ».
Selon des responsables américains, le déplacement de M. Blinken vise à presser Israël – que Washington soutient politiquement et militairement – d’entrer dans une nouvelle phase militaire moins coûteuse en vies palestiniennes, et à engager dans la région un dialogue sur l’après-guerre.
Arrivé en Arabie saoudite lundi après-midi, le chef de la diplomatique américaine rencontrait le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, dont le pays avait annoncé au début de la guerre qu’il suspendait les négociations sur une possible normalisation avec Israël.
Lundi, un responsable militaire du Hezbollah a été tué à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël. Il « jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations » dans le sud du Liban, théâtre d’affrontements quasi quotidiens entre le mouvement libanais pro-iranien et l’armée israélienne, selon une source sécuritaire libanaise. Il a été tué « dans une frappe israélienne qui a visé sa voiture dans le village de Khirbet Selm », à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël, a ajouté la même source, qui a requis l’anonymat.
Selon le Hezbollah, il s’agit du « commandant Wissam Hassan Tawil », le plus haut responsable militaire de cette formation tué depuis qu’elle a ouvert un front avec Israël pour soutenir le Hamas palestinien.
« La guerre a changé d’étape », a déclaré le principal porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, lors d’une interview accordée lundi au New York Times. « Mais la transition se fera sans cérémonie », a-t-il ajouté. « Il ne s’agit pas de faire des annonces spectaculaires ». M. Hagari a expliqué que la campagne israélienne avait déjà entamé ce mois-ci la transition vers une offensive qui impliquerait « moins de troupes au sol et de frappes aériennes ». « L’armée s’oriente vers des raids plus ciblés plutôt que vers des manœuvres à grande échelle », a précisé M. Hagari.
Le porte-parole de l’armée israélienne a par la suite ajouté qu’Israël se concentrerait désormais sur les bastions méridionaux et centraux du groupe, en particulier autour des villes de Khan Younès et de Deir Al-Balah. Il a précisé qu’Israël avait également pour objectif d’autoriser l’entrée à Gaza « d’une plus grande quantité d’aide humanitaire, notamment de tentes destinées à héberger les personnes déplacées », selon le New York Times.
Mais il est « loin d’être évident » que la nouvelle phase de l’offensive israélienne sera moins dangereuse pour les civils gazaouis, toujours selon le média américain.
Deux membres de la famille du chef du bureau à Gaza du média Al-Jazira, Wael Al-Dahdouh, ont été tués lundi dans une frappe sur leur véhicule à Rafah, dans le sud du territoire, a annoncé le ministère de la santé du Hamas.
L’armée israélienne a « assassiné trois citoyens en visant une voiture civile », a déclaré un porte-parole du ministère, précisant qu’il y avait trois morts et présentant ses condoléances à Wael Al-Dahdouh, dont la femme et trois de ses enfants ont été tués depuis le début de la guerre. Le journaliste a confirmé à l’Agence France-Presse que Mohammed et Ahmed Al-Dahdouh, deux frères,étaient ses neveux.
Devenu l’incarnation des journalistes palestiniens couvrant la guerre à Gaza, Wael Al-Dahdouh, qui avait déjà perdu son épouse et deux de ses enfants fin octobre dans une frappe israélienne, a encore été endeuillé dimanche par la mort de son fils Hamza Wael Al-Dahdouh, qui travaillait également pour la chaîne qatarie. Celui-ci a été tué avec son confrère Moustafa Thuraya dans une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien, soumis à un pilonnage sans répit des forces israéliennes en représailles aux attaques du Hamas le 7 octobre. Un troisième journaliste, Hazem Rajab, avait été gravement blessé. Le chauffeur de la voiture a aussi été blessé.
L’armée israélienne avait déclaré à l’AFP avoir « frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes », ajoutant être « au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés ».
Après la mort de ses deux journalistes, Al-Jazira a accusé Israël de « cibler » les journalistes palestiniens à Gaza. Lundi, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU s’est dit « très préoccupé par le bilan élevé de [morts de] journalistes à Gaza, appelant à ce que les meurtres de tous les journalistes fassent l’objet d’une « enquête approfondie ».
Dans la bande de Gaza assiégée, les organisations internationales ne cessent d’alerter sur le désastre sanitaire en cours, avec une aide humanitaire qui entre au compte-gouttes, malgré une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU demandant l’acheminent de l’aide.
Rik Peeperkorn, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les territoires palestiniens, a plaidé lundi, auprès de l’AFP, pour un « cessez-le-feu humanitaire, seul moyen de répondre aux besoins désespérés » des Gazaouis.
Joe Biden, brièvement interrompu pendant un discours par des manifestants demandant un cessez-le-feu à Gaza, a par ailleurs dit lundi qu’il « travaillait discrètement » afin qu’Israël « réduise nettement » sa présence dans le territoire palestinien.
L’OMS a annoncé sur X l’annulation pour la quatrième fois depuis fin décembre d’une livraison de fournitures médicales urgentes dans le nord de Gaza, faute de garanties de sécurité. L’ONG israélienne de défense des droits humains B’Tselem a de son côté accusé Israël « d’affamer Gaza », appelant à une ouverture des vannes de l’aide alimentaire, dans un nouveau rapport lundi.
Today, @WHO cancelled a planned mission to Al-Awda hospital and the central drug store in northern #Gaza for the fourth time since 26 Dec because we did not receive deconfliction and safety guarantees.The mission planned to move urgently needed medical supplies to sustain the… pic.twitter.com/6v09rPbBb1
Le conflit a aussi fait monter la violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Neuf Palestiniens y ont été tués dimanche, dont sept dans un raid israélien à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes où les violences ont également causé la mort d’une policière et d’un civil israéliens.
A la frontière nord d’Israël, l’armée a de nouveau procédé à des tirs vers le sud du Liban lundi matin, selon des images de l’AFPTV. Dans la nuit, elle a affirmé y avoir mené des raids aériens contre deux sites du Hezbollah.
Les affrontements dans cette zone se sont intensifiés après l’assassinat, attribué à Israël, mardi, près de Beyrouth, de Saleh Al-Arouri, numéro deux du Hamas. Depuis le début de la guerre, les hostilités transfrontalières ont fait plus de 180 morts au Liban, dont plus de 135 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP. Côté israélien, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.

Le Monde avec AFP
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